Numéro 45, Printemps 2025
Édité par Hélène Ibata et Gwendolyne Cressman
Ce numéro s’intéresse à l’évolution du concept de paysage dans un contexte marqué par des bouleversements environnementaux et épistémologiques. Ancré à l’origine dans les idéaux esthétiques de la première modernité, qui ont contribué à externaliser la nature à travers la peinture et l’art des jardins, le paysage peine aujourd’hui à rendre compte des réalités d’un monde profondément transformé par l’activité humaine et par les crises écologiques. De plus en plus de voix critiques dénoncent le paysage comme un cadre figé et objectivant, et appellent à une redéfinition radicale, au-delà des esthétiques centrées sur l’humain, en faveur d’un rapport plus inclusif au vivant et au plus-qu’humain. Des approches interdisciplinaires et intermédiales proposent aujourd’hui de repenser le paysage comme un espace relationnel dynamique, habité et expérimenté de manière sensible et corporelle, plutôt que comme un simple objet de contemplation. Ces démarches croisent géographie culturelle, phénoménologie, géopoétique et pratiques artistiques pour dépasser les clivages entre nature et culture, passé et présent, humain et non-humain. Les explorations médiatiques — qu’il s’agisse de poésie, de performance, d’arts visuels ou de récits écologiques ancrés localement — remettent en question les représentations dominantes de l’environnement, donnant voix à des perspectives marginalisées et ouvrant à de nouvelles temporalités. Ce volume affirme ainsi la pertinence renouvelée du paysage, non plus comme objet esthétique figé, mais comme lieu d’interactions écologiques et de récits pluriels, capable de nourrir une conscience environnementale plus inclusive et respectueuse à l’ère de l’Anthropocène.