Appel à contributions

« Incorporer / Incorporating »

n° 44 (automne 2024)

Intermédialités. Histoire et théorie des arts, des lettres et des techniques

Intermediality. History and Theory of the Arts, Literature, and Technologies

 

Sous la direction de :

María Andrea Giovine, Universidad Nacional Autónoma de México

Susana González Aktories, Universidad Nacional Autónoma de México

Roberto Cruz Arzabal, Universidad Veracruzana

Date de soumission des propositions : 15 juillet 2023
Annonce des résultats de la sélection des propositions : 1er août 2023
Soumission des textes complets aux fins d’évaluation : 15 janvier 2024
Publication des textes retenus par le comité de rédaction : automne 2024

 

 

Incorporer 

Par son étymologie, le verbe incorporer présuppose la distinction d’au moins deux entités matérielles et un mouvement d’assimilation ou d’agencement de l’une sur l’autre. De plus, ce mouvement implique également l’introduction de quelque chose de l’extérieur vers l’intérieur d’un corps par un moyen quelconque. L’incorporation peut aller jusqu’à l’homologation, la subsomption, l’intégration partielle ou l’absorption totale. Dans le domaine de l’expérience, elle prend le sens de s’approprier, ou se réapproprier. Comme d’autres verbes employés dans le domaine des arts — joindre, ajouter, annexer, inclure, rassembler, additionner, unir —, incorporer invite à des réflexions critiques sur les pratiques et les perspectives intermédiales. 

Au cours du nouveau millénaire, l’hybridité, qui implique en soi une modalité d’incorporation, est devenue une caractéristique de la création artistique et de diverses manifestations sociales et culturelles. Différentes sphères sémiotiques et médiales ont incorporé des éléments provenant de matérialités, domaines et contextes distincts, faisant de l’incorporation elle-même un mode de production et une condition de composition de nombreux objets culturels où s’entremêlent de multiples langages, diverses articulations entre oralité et écriture, ainsi que différentes modalités performatives, dont la reproduction et la circulation sensibles, qu’elles soient présentielles ou virtuelles, placent le corps au centre comme dispositif d’interaction intermédiale.

La notion de corps a traversé l’histoire de l’art, de la littérature, de la science et des médias. Dans le monde numérique, les réflexions sur le corps se sont enrichies de nouvelles nuances afin de comprendre l’apparente dématérialisation du corps ou pour l’incorporer, on ne saurait mieux dire, dans ses processus organiques. Cela indique également un essor des pratiques artistiques visant à interroger les limites entre la biologie et la technologie, entre la vie singulière et les organismes emboîtés, entre les corps individuels et les holobiontes ou parasites, entre la frontière de l’épiderme et celle de la peau métallique de la machine. Les valeurs que ces pratiques ont acquises et la manière dont elles ont élargi les horizons des arts intermédias sont indéniables.

Pour ce numéro, nous nous intéressons aux analyses d’œuvres qui prennent comme point de départ le retour du corps au centre de la perception en remettant en question sa configuration matérielle et idéologique ; aux analyses qui mettent en évidence la position fondamentale du corps, même si les œuvres s’efforcent de le dissimuler ou de l’oblitérer ; aux analyses qui problématisent la notion de corps en tant que dispositif intermédial ; aux analyses qui interrogent, l’idée d’incarnation entre les corps humains et non humains, qu’ils soient technologiques, animaux, végétaux ou fongiques. 

Les thèmes pouvant être analysés dans ce dossier prennent pour centre l’idée d’incorporer. Par exemple :  

  • Le corps comme instance médiatrice dans une époque où nous devons de plus en plus faire face à des instances de médiation. 
  • Le potentiel du corps en tant qu’instance de médiation-création-décodage-interaction avec le monde.  
  • La non-spécificité de l’art comme acte d’incorporation. 
  • La création artistique faite à la fois à partir des profondeurs du corps, comme c’est le cas dans le bio-art, ou à partir de la relation du corps avec l’espace et d’autres corps, comme dans les arts performatifs.
  • Les œuvres d’art qui sont destinées à être incorporées par le spectateur et les implications de l’assimilation du spectateur au dispositif artistique (par exemple l’art immersif et la réalité virtuelle).
  • Les apports de la réflexion artistique à la conception d’identités en constante évolution qui sont définies et vécues à partir du corps (par exemple, les théories queer, la problématisation des genres corporels et leur incidence sur les genres artistiques).
  • Les perspectives ouvertes par les nouvelles agences du regard, de l’écoute, de la gestualité, ainsi que par les divers angles vers lesquels pointe la poétique de la perception. 
  • L’articulation du « tournant matériel » (« material turn ») à la montée en puissance du corps dans la création artistique et en tant que dispositif de lecture dans un contexte de production culturelle où la tension entre matérialité, virtualité et post-numérique est en débat permanent.

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Intermédialités est une revue scientifique semestrielle qui publie en français et en anglais des articles inédits évalués de façon anonyme par des pairs.

Les propositions d’articles (350–400 mots) doivent être acheminées avant le 15 juillet 2023. En plus du résumé de la proposition, une bibliographie préliminaire (cinq livres ou articles) ainsi qu’une brève notice biographique (programme d’études, champs d’intérêt, 5–10 lignes) sont demandées. Les propositions seront évaluées par le comité scientifique de la revue, en fonction de l’originalité de l’approche et de la pertinence de la problématique. Elles devront être envoyées avant le 15 juillet 2023 aux adresses suivantes :   ma.andrea.giovine@gmail.com, saktories@gmail.com et rcruz.arzabal@gmail.com 

Les articles définitifs seront à soumettre le 15 janvier 2024. Ils devront avoisiner les 6 000 mots (40 000 caractères, espace comprises) et pourront comporter des illustrations (sonores, visuelles, fixes ou animées), dont l’auteur·e de l’article aura pris soin de demander les droits de publication.

Il est demandé aux auteur·e·s d’adopter les normes du protocole de rédaction de la revue, disponible à l’adresse suivante :

Pour de plus amples informations sur la revue, consultez les numéros accessibles en ligne sur la plateforme Érudit : http://www.erudit.org/fr/revues/im/ 

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