En quoi le sommeil est-il un phénomène médiatisé et médiateur ? Quand et comment le sommeil devient-il enregistré et connaissable, partageable et communicable, par et entre les corps, les personnes, les médias, et entre notre propre moi endormi et éveillé ? De quelle manière sommes-nous ensemble dans le sommeil ? Comment nous connaissons-nous et prenons-nous soin de nous-mêmes et des autres en tant que dormeurs ? Si le sommeil peut être social, comment devons-nous modifier ou élargir notre sens du social lui-même ? Ce numéro spécial d’Intermédialités / Intermediality sur “Dormir / Sleeping” s’interroge sur la manière dont les formes et les pratiques (inter)médiatiques sont essentielles pour repenser le sommeil à notre époque agitée.

Grâce à des approches sociales, expérientielles, expérimentales et critiques des médiations du sommeil à travers les modes de vie queer, racialisés, genrés et de classe, les articles de ce numéro mettent en scène des rencontres avec le sommeil à travers des formes médiatiques qui élargissent nos sensibilités somatiques partagées. En particulier, une attention renouvelée aux inégalités du sommeil qui résultent du corps qui travaille, nous amène à nous demander : quels types de travail inconscient médiatisent le sommeil et comment ce travail est-il invisibilisé, manifesté, déraillé, célébré, et/ou compliqué ? Si le sommeil se déplace, s’attarde et s’étend dans les seuils critiques de la conscience, c’est aussi entre le public et le privé, l’individuel et le collectif, le corps et l’environnement, la matière et l’esprit qui contribuent à faire du sommeil un site de vulnérabilité radicale et de risque social d’une manière exigeant des formes de soins, y compris des soins pour les imaginaires collectifs du sommeil. Les médias ont joué un rôle essentiel dans la représentation du sommeil, mais aussi dans l’animation des défis qu’il pose à la capture et à l’affichage. Les articles de ce numéro s’appuient sur une multiplicité de médias et de disciplines pour créer des conversations entre les formes et les pratiques qui remettent en question et élargissent les méthodologies et les épistémologies de la connaissance du sommeil, dans le but de mieux prendre en compte l’hétérogénéité du sommeil.

 

Sommaire

Introduction. The Sleeper’s Unrest.

Aleksandra Kaminska (Université de Montréal)
Dayna McLeod (McGill University)
Alanna Thain (McGill University)

 

Articles

L’œil et l’oreille du sommeil. Lire les vidéo-polysomnographies avec des infirmières de nuit

Amélie Barbier (École Pratique des Hautes Études)

 

The New Horizontal Worker: Privacy, Sexuality, and Professionalism in the Digital Bedroom

Cressida J. Heyes (University of Alberta) and Hannah Haugen (University of Victoria)

 

Everyone Enjoys a Siesta After Lunch in the West Indies”: Fictions of Labour and Languor

Nicole Dufoe (University of Toronto)

 

Who can afford to dream?

Saelyx Finna and Mia Imani (independent scholars)

 

Practices and Environments of Collective Sleep in Twenty-First-Century Latin American Film

Zaira Zarza (Université de Montréal)

 

Des dormeurs confiés à nos regards. Figurer et éprouver la sociabilité paradoxale du sommeil

Camille Bui (Institut ACTE, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne)

 

The Scent of Sleep: On Night Knowledge and Its Atmospheres

Sandra Huber (Concordia University)

 

Listening with insomnia

Anabelle Lacroix (University of New South Wales)

 

Bedtime Stories: Audiobooks, Podcasts, and Reading as Listening (and Sleeping)

Josh Dittrich (University of Toronto, Mississauga)

 

Do Humans Dream of Electric Ads?

Doron Darnov (University of Wisconsin-Madison)

 

 

Recherche-création

Beware the LOLcats : une recherche-création sur les illustrations populaires du sommeil préindustriel

Albertine Thunier (Université de Montréal)

 

Essai vidéo

Watch me sleep: self-surveillance and middle-aging queer

Dayna McLeod (McGill University)

 

 

Artistes invités

Grèves perlées

Eloïse Vo (Hes-So HEAD — Genève / EPFL Alice)

 

 

Hors dossier

Sacrifices numériques : la mémoire au-delà des algorithmes

Hernán Ulm (Universidad Nacional de Salta, Argentine)