Tromper / Deceiving


Numéro 42, Automne 2023

Sous la direction de Renée Bourassa et Jean-Marc Larrue

L’écosystème socionumérique actuel est marqué par la prolifération des puissances du faux qui atténuent considérablement notre capacité à détecter les manifestations de la tromperie. Selon une perspective d’intermédialité, ces phénomènes ne sont pas nouveaux car ils découlent du très ancien art du mensonge, de la (dis)simulation ou de l’illusion dont les manifestations sont multiples, tant dans les fictions artistiques (littérature, arts vivants, cinéma) que dans l’espace social, où Ils ont pris des configurations inédites au sein de l’écosystème socionumérique actuel. Les pratiques artistiques, que nous qualifions d’« arts trompeurs », jouent depuis longtemps sur les multiples ressorts de l’illusion, qu’elle soit occultée ou affichée, afin de divertir. Mais la situation actuelle révèle une rupture majeure : le système reposant sur les « régimes d’authenticité » qui fournissait des repères partageables, n’est plus opérant. Dans une ère dite de « post-vérité », s’opèrent des transformations des systèmes de vérité, d’autorité et de légitimité à l’œuvre dans les dynamiques de médiations contemporaines. Les phénomènes où se joue l’art de tromper se situent souvent à la lisière du vrai et du faux, du fictionnel et du documentaire. Les objets de ce numéro sont situés à la fois dans le domaine des « arts trompeurs », ces pratiques artistiques – historiques ou plus récentes – où se manifestent des stratégies d’illusion, de subterfuges ou de duperie pour le plaisir des lecteurs/spectateurs et dans l’écosystème informationnel, notamment autour de l’intelligence artificielle où opèrent des dispositifs toujours plus raffinés dans l’art de la simulation, en démultipliant les puissances du faux. Les deux sphères suscitent des imaginaires sociaux que nous mettons en tension pour mieux en exposer les rouages.

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