Numéro 3, printemps 2004
Sous la direction de Christine Bernier et Éric Méchoulan
Bergson est un des rares auteurs à avoir alloué à la mémoire une dignité philosophique centrale. Parallèlement, la réflexion sur les sciences et les techniques (en particulier les sciences physiques et biologiques) trouve un modèle dans le dialogue constant que Bergson a entretenu avec les savants de son époque. On peut arguer de « l’effet Deleuze » : l’influence de Bergson serait due en grande partie à la lecture personnelle que fit Deleuze du philosophe. La popularité de Gilles Deleuze fait que, sans que les théoriciens ou les praticiens le sachent toujours, nombre de travaux sur la peinture, le cinéma, la littérature, la culture ou la technique sont tributaires de schèmes bergsoniens, tant Deleuze lui-même en a recyclé de philosophèmes. On ne saurait cependant réduire l’impact ou l’intérêt de Bergson à ce relais, même crucial. C’est pourquoi cet ensemble de textes se présente sous un titre — « Devenir-Bergson » — qui sonne bien deleuzien, mais qui invite aussi à penser ce qu’est devenu Bergson tout en mettant l’accent sur une des dimensions les plus fondamentales de sa pensée : le mouvant, au cœur de ce que l’intermédialité tente de saisir dans le monde de relations qui est le sien.