Le terme reenactment désigne les phénomènes de recréation, de reconstitution, de reprise et d’autres formes de réactivation vivante d’œuvres performatives du passé, d’événements historiques ou de pratiques culturelles. Son usage s’est récemment étendu aux objets technologiques et médiatiques. Il englobe désormais des phénomènes issus du théâtre, de la danse, des arts visuels, de l’histoire vivante, des expositions muséales, du cinéma, de la télévision, des jeux vidéo, des mondes virtuels, etc. Cette diversité indique l’émergence de nouvelles sensibilités historiques, de relations autres avec le passé. Elle oblige à adopter des approches interdisciplinaires et intermédiales. Comment comprendre les relations entre le reenactment, les médias, les technologies, les archives et les institutions ? De quelle manière aborder le corps qui refait, traversé d’affects et de mémoires kinesthésiques, aux prises avec ces appareils ? Selon quelles modalités les jeux de l’immersion et de la distanciation, de l’assujettissement et de l’agentivité opèrent-ils dans le reenactment en régime intermédial ? Ce sont ces questions que les auteurs explorent pour relever le défi de dire et faire ce qu’est refaire.