Numéro 2, automne 2003
Sous la direction de James Cisneros et Michèle Garneau
Raconter procède sans doute d’un désir : désir de raconter mais aussi de se faire raconter une histoire. Si on a l’habitude de considérer le récit (et ses formes), l’histoire (et ses variations), la narration (et ses modes ou ses médiums), les directeurs de ce numéro nous invitent à faire un pas de côté et à considérer les « matérialités » impliquées dans le déploiement des histoires. Les textes ici regroupés nous initient aux « qualités médiatiques » des matières d’expression du récit cinématographique; aux conditions médiatiques qui ont fixé la différence entre conter et compter; à la mémoire intermédiale qui permet la présence narrative de ce qui est évoqué; à la portée critique du travail d’amenuisement de la langue; aux dispositifs médiatiques qui permettent à l’expérience de soi de se constituer dans le récit. Mais ce numéro interroge aussi le rapport épistémologique entre récit et médium : quand le récit d’une pratique technique devient la condition de la reconnaissance d’un médium artistique (la photographie), quand l’acte de raconter réfléchit les techniques des médias (en tant qu’adaptation), ou quand la narration cinématographique de la mort d’un homme conduit au seuil du visible et devient la célébration de l’image elle-même.